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Vidimus
de lettres patentes de Charles, dauphin, en date du 9 octobre 1420, portant
établissement d'un Hôtel des monnaies au Mont-Saint-Michel, et de l'exécutoire
rendu par les commissaires des finances et les généraux maîtres des Monnaies
(1)
(Meun-sur-Yèvre, 9 octobre 1420 ; Bourges, 11 novembre 1420)
(Lecointre-Dupont.-
Lettre sur l'histoire monétaire de la Normandie pendant les règnes de
Charles VI et de Charles VII.- Revue numismatique, 1846, p. 194-254
; [doc. XV, p. 246-248, d'après (1)])
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À tous ceulx qui
ces présentes lettres verront, la garde du scel royal establi et dont
l'en use aux contrax à Tours et ès ressorts et exempcions de Touraine,
d'Anjou, du Maine et de Poictou, salut. Savoir faisons que nous avons
aujourd'hui veu, tenu et leu de mot à mot unes lettres patentes seellées
du seel de monseignour le régent le royaume, daulphin de Viennois, en
queue double et cire jaune, saines et entiers en seel et escripture, desquelles
la teneur s'ensuit.
Charles, fils du roy de France, régent le royaume, daulphin de Viennoys,
duc de Berry, de Touraine et conte de Poictou, à tous ceulx qui ces présentes
lettres verront, salut. Savoir faisons que, considérans les très grans
charges que avons à supporter pour la défense et recouvrement de la seignourie
de monseignour et de nous, la nécessité qui est d'avoir pour ce finance
et d'augmenter et accroistre les revenues et esmoluments de mondit seignour
et de nous, et aussi considérans la grant loyaulté, bonne et vraye obbéissance
en quoy ont touzjours esté et seront au plaisir de nostre seignour envers
mondit seignour et nous, les manans et habitans de la ville du Mont-Saint-Michel,
voulans, en recognaissant les grans plaisirs et services que lesdiz manans
et habitans ont fait et font chascun jour à mondit seignour et à nous,
augmenter et croistre en biens et prouffit icelle ville, nous, par grant
et meure délibéracion des gens du Grant conseil de mondit seignour et
de nous, avons voulu et ordonné et par ces présentes voulons et ordonnons
une Monnoye estre faicte et constitué et icelle constituons en ladicte
ville du Mont-Saint-Michel, pour y faire ouvrer et monnoyer tout ouvrage,
tant d'or comme d'argent, en faisant telles et semblables monnoyes que
mondit seignour fait faire à présent en poix, cours et aloy, tant d'or
comme d'argent. Si donnons en mandement par ces mêmes présentes à nos
amez et féaulx conseillers les commissaires par nous ordonnez sur le fait
et gouvernement de toutes finances, tant en langue d'oil comme en langue
d'oc et généraulx maistres des Monnoyes, que ladicte Monnoye ils mectent
ou facent mectre sus en lieu et hostel convenable de ladicte ville du
Mont-Saint-Michel et y facent faire les fournaises, habitacions et édifices
nécessaires ad ce et icelle baillent ou facent bailler à ferme ainsi qu'il
est acoustumé et qu'ilz verront estre à faire pour nostre prouffit, et
y facent venir des ouvriers et monnoyers, et aussi y facent apporter billon
d'or et d'argent de tous marchans, changeurs et autres demourans plus
prez de nostredicte ville du Mont-Saint-Michel que d'autre Monnoye, en
les contraignant par toutes les voyes et manières deues et raisonnables,
en telle manière que ladicte Monnoye soit fournie compétanment, et nostre
présente ordonnance face signiffier et publier en telle manière que aucun
n'en prétende ignorance. En tesmoing de ce nous avons fait mettre nostre
seel à ces présentes, données à Meun-sur-Yèvre, le IXe jour d'octobre
l'an de grâce mil CCCC et vingt. Ainsi signé, par monseignour le régent,
daulphin, en son Conseil, ouquel l'arcevesque de Bourges, les sires de
Belleville et de Salamer, le chancelier d'Orléans, le bailli de Touraine
et autres plusieurs estoient.
(signé) J. LEPICART
Auxquelles lettres dessus transcriptes est attachée une lettre de messeignours
les commissaires ordonnez sur le fait et gouvernement de toutes finances,
tant en langue d'oil comme en langue d'oc, par mondit seignour le régent
et des généraulx maistres des Monnoyes du roy nostredit sire et de mondit
seignour le régent, soubz l'un de leurs signez, de laquelle la teneur
est telle.
Nous, les commissaires ordonnez sur le fait et gouvernement de toutes
finances, tant en langue d'oil comme en langue d'oc, par monseignour le
régent le royaume et daulphin de Viennois et les généraulx maistres des
Monnoyes du roy, nostre sire, et de mondit seignour le régent, veues les
lettres de mondit seignour le régent et daulphin ausquelles ces présentes
sont attachées soubz l'un de nos signez, par lesquelles mondit seignour
le régent a volu et ordonné une Monnoye estre faicte et constituée en
la ville du Mont-Saint-Michel, voulons, sommes d'accort et consentons
que ladicte Monnoye soit faicte et constituée audit lieu du Mont-Saint-Michel,
pour les causes et tout par la forme et manière que mondit seignour le
régent et daulphin le vieult et mande par sesdictes lettres. Donné à Bourges,
le XIe jour de novembre l'an mil IIIIc et vingt. Ainsi signé J. Chastenier.
Donné à Tours, par manière de vidimus, soubz ledit seel royal establi
auxdiz contrax à Tours, le sezeiesme jour du moys de novembre l'an de
grâce mil quatre cent et vingt.- D'après l'original appartenant à M.
de Gerville, correspondant de l'Institut, à Valognes (2).
(1) "Je dois
la communication de ce document... à la bienveillante amitié de M. de
Gerville, de Valogne, qui les possède, et à l'obligeance de M. Dubosc,
archiviste du département de la Manche, qui a bien voulu les transcrire
pour moi".
(2) "À l'original pend le sceau aux contrats de Tours, en partie
brisé. Il offre une porte de ville surmontée d'une tour couronnée, flanquée
de deux tours plus petites aussi couronnées".
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